
Zone Plurilingue de l'IF-EPFCL Journêe d'École de Psychanalyse et Rencontre Inter-Forums
12-13 Avril 2025 / SALT Galata, Istanbul
L'événement aura lieu à Istanbul les 12 et 13 avril 2025 et rassemblera tous les membres de la région.
Le 12 avril sera la première journée de l’école au sein de la Zone et son thème sera « Comment débute une psychanalyse ? ». Le thème du 13 avril sera « Trauma, symptôme et acte dans la clinique lacanienne ».
Deux invités de l'EPFCL nous rejoindront lors de nos événements les 12 et 13 avril 2025 :
Colette Soler, l’initiatrice des Forums et de l'École, et Dominique Fingermann, le secrétaire de la CIG Europe.
L'événement aura lieu en présentiel dans le prestigieux bâtiment de Salt Galata à Istanbul. La participation en ligne est également possible pour ceux qui ne peuvent pas y assister en personne.
SALT Galata Adresse:Bankalar Caddesi, No : 11, 34421 Beyoğlu, Istanbul
Toutes les présentations seront traduites en français, anglais et turc.
Argument
<<Trauma, symptôme et acte analytique dans la clinique lacanienne>>
Le choix de ce thème pour la IIIème rencontre inter-forums de la zone plurilingue s’inscrit dans le lien de la zone à l’École de Psychanalyse des Forums du Champ lacanien et à l’Internationale des Forums, IF- EPFCL. Ce qui s’y travaille d’un côté fait écho de l’autre : c’est que le lien en question est soutenu par un nouage Zone, École et l’Internationale avec en son centre l’objet de la psychanalyse.
Trauma, symptôme et acte analytique sont chacun au singulier. L’accent mis sur le singulier pour chacun d’eux indique leurs mises en question et mise en acte dans le commencement d’une analyse et dans leur devenir à la fin de l’expérience analytique.
L’acte est présent dans la fondation même du sujet, sa coupure institue sa division d’avec l’objet. Le sujet portera les marques de ce trauma fondamental et fondateur – troumatisme dira Lacan d’un réel irréversible qui l’exile du rapport sexuel auquel il aspire et auquel le symptôme supplée en fixant sa jouissance par un nouage au corps. Le désir et le fantasme y trouveront support.
Pour Lacan, l’acte est un dire, il est au commencement de la naissance du corps parlant, parlêtre jouissant de lalangue et porteur des stigmates du désir de l’Autre.
L’acte est convoqué aussi dans l’expérience analytique menée à son terme, à l’entrée comme à la sortie.
Le choix porté par la commission scientifique sur le singulier du trauma, du symptôme et de l’acte analytique n’exclut pas leur pluralité, comme en témoignent les analyses.
L’accent mis sur la clinique lacanienne viendra, lors de ces Journées, explorer les apports innovants de Lacan pour la psychanalyse. La voie qu’il a frayé de l’inconscient langage à l’inconscient réel donne une nouvelle direction aux analyses et en précise leur point d’arrivée. Ce frayage qui est un souffle nouveau dans la psychanalyse constitue le Champ lacanien, il ne nous sera pas parvenu sans le travail précieux de Colette Soler sur l’inconscient-réel (ICSR).
Ces journées seront donc l’occasion d’aborder ensemble à partir de « trauma, symptôme et acte dans la clinique lacanienne » nos questions et problèmes cruciaux de la praxis qui est le nôtre.
Zehra Eryörük,
Représentant de la ZPL (2023-2024)
Responsables des journées
Les langues de l’inconscient dans la civilisation
Colette Soler, 12 mars 2017
Présentation du thème de la Journée du dimanche 11 juin 2017
Qu’il y ait un lien entre ce que Freud a nommé l’inconscient et la langue parlée est avérédepuis le début de la psychanalyse, avec les premiers grands textes de Freud, de L’interprétation des rêves au Mot d’esprit. D’ailleurs, la pratique même du déchiffrage, initiée par Freud implique cette solidarité entre la langue que l’on parle et l’inconscient.
Avec l’accent mis par Lacan à partir de « Fonction et champ de la parole et du langage », sur l’inconscient-Langage, nous sommes arrivés à l’idée de la motérialité de l’inconscient, lequel se fait pour chaque sujet à partir de sa langue dite maternelle.
De là diverses questions se posent, du moins pour ceux des psychanalystes d’après Lacan qui n’ont pas oublié ce fondement langagier de la découverte freudienne. Je dis questions mais elles frôlent souvent le paradoxe.
Et d’abord celle de savoir comment expliquer, s’il en est ainsi, que l’on puisse s’analyser dans une langue qui n’est pas votre langue maternelle. Or le fait est avéré dans la psychanalyse.
Invoquera-t-on la traduction analysante pour l’expliquer ? Sans doute, mais elle-même n’est pas sans présenter un paradoxe justement. On la sait quasi impossible, la traduction, toujours traitre au texte d’origine. Il n’empêche, grâce à elle, on échange de langue à langue et même, point capital, ça ne fait pas plus de malentendus qu’entre ceux qui ont la même langue. C’est bien curieux.
Mais il faut aussi expliquer comment l’analyste qui ne connaît pas la langue maternelle de l’analysant peut opérer. Là, on ne peut pas se satisfaire de dire seulement que c’est l’analysant “qui s’analyse” avec l’analyste et que ce n’est pas ce dernier qui l’analyse ? C’est vrai pourtant, mais ce n’est quand même pas sans l’intervention de l’analyste. Alors comment s’y retrouver ?
Et puis autre fait notoire, le malentendu corrode les dialogues des parlants et même pourceux qui parlent la même langue. Pour tous, c’est la même règle du malentendu. Ça indique déjàque dans l’échange, dans la communication qui nous est chère, il y a plus en jeu que la langue ausens l’idiome que l’on parle, grec, français ou autre.
Tout ceci s’éclaire si on comprend que lalangue de l’inconscient, écrite en un mot donc comme Lacan l’a fait, lalangue de chaque inconscient puisqu’il n’y en a pas deux pareils, n’est pas la langue maternelle. Un inconscient parle une lalangue qu’il est seul à connaître, qui pour tous les autres, analyste inclus, est une langue étrangère, unique, qu’il tente de faire résonner au hasard de ses interventions. La motérialité de cette lalangue emprunte certes ses éléments de la langue-idiome mais ne vient pas d’elle : elle cristallise cette motérialité de sa rencontre toujours contingente, de sa coalescence accidentelle avec la substance… jouissante. Pas étonnant donc que le culmen des malentendus soit entre les sexes. Les lalangues des « savoirs parlés » des inconscients sont irrémédiablement plurielles.
Du coup elles n’ont rien à voir avec le dictionnaire des langues dites vivantes qui, elles,recueillent autre chose, à savoir ce qui des mœurs et des expériences particulières à un lieu ou à une époque a fait mot, et s’est déposé dans ce que l’on nomme l’usage. Dit autrement les langues sont des effets de discours, des produits des liens sociaux en évolution, ce qui explique d’ailleurs qu’elles-mêmes ne cessent d’évoluer, et qu’elles soient en outre un objet politique crucial. On le constate en effet, les cohésions de groupe que laisse subsister la fragmentation croissante des liens sociaux, qu’on les nomme régionalisme, nationalisme ou autre, bref tous les particularismes entretiennent la babel des langues divergentes. A l’inverse le maître politique, si on peut le mettre au singulier pour désigner les pouvoirs d’état sous quelque forme qu’ils s’exercent, n’essaye-t-il pas toujours de faire taire les langues minoritaires, lesquelles ne manquent pas de protester ? Les persécution commencent par le bâillon. En effet le poids de ces langues ne saurait être trop majoré, car chacun est enraciné, qu’il le veuille ou non, dans les péripéties de l’histoire collective et de la langue dans laquelle il est né, dont il a été imprégné dès sa première enfance, et d’où la plupart de ses goûts lui sont venus. Tous les exilés connaissent le poids de cet enracinement, et savent ce qu’ils ont perdus du plus charnel des expériences d’origine.
Ainsi l’identité de chacun se trouve-t-elle divisée entre ce qu’il est comme être social ayant trouvé une place dans une collectivité, et la singularité unique qui lui vient de la jouissance indélébile de son inconscient. Ce noyau de différence absolue de ce que je peux appeler avec Lacan l’identité-symptôme de chaque parlant est la découverte propre de la psychanalyse. Mais à vrai dire, sa voix dans la civilisation du capitalisme est bien basse, alors même que toutes les évolutions de la culture proviennent de la créativité de ces singularités en action, et pas des identités conformes. Sa voix est basse, mais elle a une portée politique évidente face au grand mouvement d’homogénéisation et de formatage généré par la civilisation du capitalisme qui, sans elle, ne serait plus contré que par les revendications des identités régionales.

